Mon allégorie du SED

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Description d'Edvard Ehlers

Mon allégorie du SED ...


Prémisses : Une allégorie (du grec : ἄλλον / állon, « autre chose », et ἀγορεύειν / agoreúein, « parler en public ») est une forme de représentation indirecte qui emploie une chose (une personne, un être animé ou inanimé, une action) comme signe d'une autre chose, cette dernière étant souvent une idée abstraite ou une notion morale difficile à représenter directement. Elle représente donc une idée abstraite par du concret. En littérature, l'allégorie est une figure rhétorique qui consiste à exprimer une idée en utilisant une histoire ou une représentation qui doit servir de support comparatif. La signification étymologique est : « une autre manière de dire », au moyen d'une image figurative ou figurée.


Chez l'individu "sain" non porteur d'un SED:

Essayons d'imaginer le collagène normal au sein des organes (peau, viscères, tendons, muscles, ligaments, capsules articulaires etc..) comme une autoroute asphaltée, résistante. Dessus, des voitures à l'arrêt, bien stables, représentant des récepteurs (au chaud, au froid, à La douleur, à la proprioception, des barorécepteurs, etc...).


- Sur un collagène sain, une pression ou une stimulation vont activer ces récepteurs- voitures et induire un signal (un coup de Klaxon?) vers le système nerveux périphérique, autonome, central et induire une réponse (j'ai mal, j'ai froid, je sens une pression, je ressens le monde extérieur, ma pression sanguine est trop basse ou trop haute, mon rythme cardiaque doit être changé, je dois uriner, je contracte mes bronches, etc....).

- Un stimulus, une réaction, une interprétation, une réponse, concrètes et fiables pour chacune de ces étapes.

Qu'en serait il pour les patients atteints de SED? Risquons nous à poursuivre cette allégorie:

- Imaginons que dans le SED Le collagène muté ne nous donne plus une autoroute asphaltée et stable mais altéré, parfois déchiqueté, il est plus malléable, trop mou. Représentons nous dès lors non plus une autoroute asphaltée et stable mais un immense lac avec, non plus des voitures, mais de petits bateaux amarrés en gage de capteurs et récepteurs. Qu'advient-il?


Pour moi, sur un lac même très calme, les petits bateaux se balancent doucement au gré des courants . Ceci pourrait ressembler à l'"état de base" d'un SED hors crise.


Lorsque une brise, un vent voire un ouragan survient, Les vagues se créent, balançant plus ou moins fortement Les récepteurs -bateaux, envoyant ainsi des messages erronés à nos systèmes nerveux. Avec des réponses tout aussi aberrantes en retour (mal, froid, chaud, température, pseudo crise d'asthme, sudations, tachycardie, maladresse, etc...).

Quand le vent se calme, La crise est finie, mais on retourne à un état de base sur un lac avec des bateaux qui bougent malgré tout plus ou moins forts selon le lac, c'est à dire l'individu. L'état de base varie naturellement selon les personnes en fonction de l'altération plus ou moins importante du collagène et des endroits anatomiques où ce collagène muté est en plus grande quantité.


imaginons que nous mettions une vaste bâche sur ce lac, au dessus des bateaux, bâche qui les empêcherait d'osciller maladroitement, mêmes au repos. Ces petits bateaux, capteurs et récepteurs, seraient plus fixes et un appui sur la bâche donnerait un effet "normal". C'est cela l'effet des vetements compressifs, La bâche stabilisatrice sur notre peau.

Pourquoi alors certains patients déclenchent-ils des symptômes du sed de base, plus importants, à tel ou tel moment de leur vie, parfois bébé, parfois enfant, parfois adulte et d'autres jamais (sauf l'hyperlaxité articulaire qui d'ailleurs diminué avec l'âge)?????


Cette partie est une supputation personnelle mais qui, pour l'instant, me convient:

Lorsque nous nous développons que ce soit dans le ventre de notre mère ou lors de l'enfance, nous le faisons avec ce collagène déjà muté, puisque dans la grande majorité des cas, la ou les mutations du collagène sont héritées d'un ou deux parents. Dans ce même temps, notre cerveau se développe et s'adapte probablement à ces influx nerveux périphériques et les considèrent, par défaut, comme normaux.

Ensuite vient l'aspect du déclencheur:

En effet, nous remarquons Le plus souvent un déclencheur chez l'individu: un accouchement, un accident souvent de voiture, une maladie, une fausse couche, un deuil, une séparation, etc...


Peut être ce déclencheur vient il bousculer notre cerveau et remet les choses "à zéro". Après ce déclencheur , peut être que notre cerveau ne perçoit plus ces messages périphériques de base comme "normaux pour lui" mais comme véritablement "aberrants" avec les conséquences algiques, proprioceptives, dysautonomiques, etc...que nous connaissons.

Voici donc mon "Allégorie du SED" en cette fin 2016.

revu en 2019

Copyright - Dr Stéphane Daens, Bruxelles, 31 décembre 2016.


Description du cas d'un jeune homme de 21 ans par Edvard Lauritz Ehlers (1899 - 1900) :

Texte original en allemand (traduction en français ci-dessous) :

"Le patient que je vais vous présenter, m’a été adressé par le Docteur KJOER. Ni lui ni moi n’avons la moindre idée de ce qui ne va pas chez lui. Je n’ai jamais eu de difficulté à reconnaître devant des confrères, ou des patients, que je ne savais pas que penser d’un cas donné, et je suis toujours surpris de voir l’insistance de certains confrères à coller une étiquette sur chaque état pathologique. S’efforcer de classer, de créer des rubriques, de définir les maladies sur la base de leur étiologie est bien plus important que de vouloir mettre une étiquette sur des maladies rares, voire même sur des cas n’ayant fait, jusqu’alors, l’objet d’aucune observation.

Pour ce qui est du cas présenté, je m’étonne que le patient n’ait pas consulté jusqu’à maintenant un dermatologue, pour tenter de découvrir en quoi consistait son problème. Selon moi, le processus morbide est entré à présent dans une phase de guérison spontanée, après avoir dû, toutefois combattre des lésions sévères, et il n’est d’ailleurs pas impossible qu’on eût pu poser un diagnostic, à une période antérieure.

Nos confrères de Bornholm, qui se sont occupés, jusqu’à présent, de ce patient, l’ont rassuré en lui certifiant que « cela disparaîtrait avec le temps », mais ils n’ont pas jugé nécessaire de consulter d’autres confrères à son sujet.

Le patient est 
un jeune étudiant en droit de 21 ans. Son père est toujours en vie et en bonne santé, malgré de fortes crises de goutte. Sa mère souffre depuis vingt ans d’un ulcus cruris. Ses trois sœurs et ses trois frères sont vivants et en bonne santé.

On ne note aucune prédisposition à l’hémophilie. Dans l’anamnèse on n’a découvert aucune maladie infectieuse chronique et, notamment, pas de syphilis.

Au cours de son développement, 
le patient a toujours été relativement fragileil a notamment commencé à marcher très tard. On pensait qu’il souffrait de rachitisme.

A l’âge de deux ans, la jeune fille qui s’occupait de lui 
l’a laissé tomber et la chute a causé une bosse très importante qui ne s’est résorbée que difficilement.

Plus tard, le patient a été importuné, jusqu’à sa 8ème année, par 
des hématomes qui survenaient lors de traumatismes très minimes et ne se résorbaient que difficilementlaissant des zones cutanées résiduelles décolorées, sur toutes les saillies osseuses et particulièrement aux coudes, aux genoux et aux articulations.

Aux alentours de sa huitième année, le patient s’est particulièrement développé, il a acquis de la puissance musculaire, ses membres se sont renforcés, il allait mieux et était en mesure de se protéger d’éventuels traumatismes. On constate, toutefois, chez lui, aujourd’hui encore, l’existence d’une 
prédisposition excessive à la formation d’hématomes qui sont au premier plan du tableau clinique, ainsi que des lésions résiduelles par hématomes, décolorées sur toutes les saillies osseuses sous-cutanées exposées à des contusions. Autre symptôme majeur, la peau blafarde étirée et plissée. Une peau qui rappelle celle des patients souffrant de myxœdème et qui évoque la pelure d’une pomme cuite. Elle est froide au toucher ; à aucun endroit, la couleur fraîche du sang n’affleure et, à l’endroit du tissu conjonctif sous-cutané, insensible il est possible de la plisser jusqu’à ce qu’il reste suffisamment de peau au niveau des doigts et des jointures, pour que les doigts par exemple, gagnent une demie longueur supplémentaire. Les mains sont relâchées et maigres, avec atrophie des éminences thénar et hypothénar ainsi que des muscles interosseux.

Les doigts sont le siège 
de subluxations externes presque à angle droitLe patient souffre souvent de luxations spontanées du genou qu’il doit corriger en marchant.

Pas de formations de griffes ni de raideurs des membres. Au niveau des hématomes résiduels, une peau 
de couleur brune recouvre les jointures. Aucune anomalie n’a été constatée au niveau de la sensibilité mise à part une sensation permanente de froid cutané, aux extrémités. On ne retrouve aucun autre signe de myxœdème, et l’intelligence est normale, la parole est libre, le langage fluide, les mouvements sont aussi énergiques que le permet l’habitus du patient dont on ne peut pas dire qu’il soit d’une constitution robuste. Aucune modification n’est retrouvée au niveau de la glande thyroïde.

Le visage a la même couleur blafarde que le reste de la peau qui, en dépit de modifications cicatricielles caractéristiques des couches superficielles, reste mobile au niveau des couches profondes. Les sourcils sont minces, la croissance des cheveux est correcte. Les yeux sont en bon état. On observe sur les bras 
une kératose pilaire caractéristique. La sudation est augmentée ce qui est en faveur d’un myxœdème. La marche est quelque peu ataxique, hésitante. On retrouve des réflexes rotuliens vifs. Outre les nombreux hématomes à tous les endroits du corps exposés aux traumatismes, on remarque dans la région de l’omoplate de petits nodules xanthomateux. Au niveau des coudes, on note, outre de nombreux hématomes résiduels, une importante quantité de petits nodules groupés en anneaux, et qui font aussitôt évoquer la syphilis. Mais il n’y a aucun autre signe en faveur en faveur de cette affection."

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